Pour une coexistence pacifique des sociétés   au 21ièm siècle

 

Aujourd’hui le voyage est devenu une banalité.  Si auparavant la découverte de la culture de l’autre n’était possible qu’après un long voyage, au 21ième siècle, tel n’est plus le cas. Le développement des moyens de transport et celui des nouvelles technologies de l’information et de la communication ont rendu la vie avec l’autre (qui est parfois profondément différent)[2], un vécu quotidien. Si nous avons l’habitude de s’entremêler avec un autre « assez proche, un semblable (…) partageant la même culture(…), appartenant à la même communauté »[3] ; le contexte actuel a changé, car, « un autre beaucoup plus éloigné a fait son apparition(…). Venant de contées plus lointaines, porteur d’une histoire, des valeurs, et surtout d’une culture différente, ce « étranger radical » est entré comme par effraction » dans notre société.                                

Dans de pareilles circonstances, si chaque société reste dans une posture de rejet de l’autre. Que serait-il le monde ? Si le sénégalais pense que l’américain n’est pas « civilisé » parce qu’il mange par exemple avec sa main gauche ou parce que le chinois mange des chiens ; ou le français se moque de la femme arabe qui se promène dans les rues parisiennes, avec sa « burqa », etc.

La rencontre quotidienne avec l’autre nous impose à mener une réflexion sur soi-même et à porter un nouveau regard sur l’autre. Ceci nous impose à réviser nos certitudes, à abandonner nos intransigeances, à adopter une démarche de penser moins certaine, plus ouverte aux réalités humaines[4].

Envahis par le doute et la méfiance, nous regardons l’autre comme un miroir négatif dont la différence nous définit, nous « identifie » et nous rassure. Sans nous débarrasser de nos peurs et de nos particularismes ; comment sortir de la prison individualiste ? Comment retrouver le goût de l’interrogation, de la critique constructive et de la complexité ? En adoptant une attitude de pudeur et d’humilité répond le professeur TARIQ RAMADAN[5]. Une invitation à naviguer vers l’autre quelles que soient nos traditions, nos psychologies, nos croyances ou religions, etc. Comme les rives font l’océan « c’est la pluralité des cheminements humains qui façonne la commune humanité ».

Effrayant tous les pays du monde, comment vivre avec ce brassage culturel, sans heurts ni haines interculturelles ? L’acceptation de la diversité et divergence culturelles doit être mise en avant dans leurs politiques législatives afin de cultiver un sentiment d’ouverture, de tolérance et surtout de compréhension qui favoriseront sans aucun réserve un dialogue entre les cultures; permettant ainsi à chacun de vivre paisiblement, partout dans le monde, dans le respect de l’autre, selon ses croyances et ses habitudes. Vivant ensemble dans cet espace vaste mais « réduit » par les nouvelles technologies et de la communication, la règle de droit qui intéresserait de plus, dans ce cas, à ces êtres humains ou citoyens du monde et celle qui semblerait la plus efficace, est celle qui garantirait la paix sociale et anticiperait sur les éventuels conflits interculturels qui pourraient s’y naître.  Le but premier du droit est donc de permettre une coexistence matérielle des individus en résolvant et même en tentant d’éviter « les conflits, destructeurs de la vie en société »[6]. Car si l’on en croit à E. DURKHEIM « le droit est un symbole de solidarité sociale »[7].

Par ce canal de communication, nous faisons un clin d’œil à toutes les sociétés, surtout occidentales, qui sont plus allergiques à la différence, à la culture de l’autre surtout arabe et africaine, de négocier les contenus de leurs principes et valeurs, puisque « la rencontre interculturelle doit être conçue comme un échange entre personnes, ou groupes de personnes, de différentes cultures permettant l’émergence d’un esprit de négociation … L’un des enjeux majeurs pour tout citoyen, mais plus encore pour les institutions, est en conséquence l’apprentissage d’un savoir-faire avec l’hétérogénéité et dans la conflictualité»[8].

Pour aller plus loin, il faut que les occidentaux divorcent avec les idées de l’antiquité qui considéraient l’étranger comme un sujet dépourvu de droits dans la cité[9]. A cette époque, non seulement l’étranger ne pouvait se marier, ni acquérir de propriété, ni contracté, mais encore il ne pouvait même pas saisir les juridictions pour faire valoir un droit. Ceci est à port à faux avec le contexte actuel de leur espace de vie.

Il faut que chaque société soit consciente que, si certains de leurs membres ont pu assimiler la mentalité et les modes de vie du pays d’accueil, d’autres demeurent attachés à leur milieu d’origine et restent fidèles dans le pays de leur résidence à leurs statuts traditionnels.

Chérif Wathia, une doctrine dans son berceau

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